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Mon karakou algérois

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Comme vous le savez toutes, le karakou est aujourd’hui un habit traditionnel incontournable de la mariée algérienne.

Alors qu’il était réservé initialement à l’élite algéroise, il est progressivement devenu accessible aux femmes algériennes citadines et il fait aujourd’hui partie intégrante du patrimoine culturel algérien et constitue un élément phare du trousseau de la mariée.

Originaire d’Alger, il est également porté dans d’autres villes d’Algérie telles que Annaba, Bejaia, Blida, Constantine, Miliana, Batna, Oran…

Pièce maîtresse indémodable de l’artisanat local, le karakou a inspiré les plus grands stylistes du monde tels que les maisons Yves Saint Laurent, Christian Lacroix, Valentino, Dolce & Gabbana ou encore Elie Saab.

D’où vient-il ?

L’ancêtre du karakou est la ghlila djabadouli, tenue traditionnelle apparue à Alger au XVe siècle. Ce vêtement du quotidien était moins somptueux et se constituait d’un costume long et large, parfois accompagné d’une fouta et cintré avec un h’zam. Caractérisé par son profond décolleté fermé par un bouton au niveau de la poitrine, il était décoré uniquement d’une broderie fine au niveau du col et des manches.

Au XIXe siècle, il a disparu et laissé place au karakou qui est le fruit de l’héritage ottoman influencé à la fois par la culture berbéro-andalouse et la culture européenne.

Il s’agit d’une veste cintrée de velours travaillée avec un fil d’or appelé mejboud ou fetla. Entièrement faite main, le principe est de broder en continu avec un même fil pour finalement revenir au point de départ.

Elle s’accompagne d’un seroual mdouer, pantalon bouffant qui était anciennement très prisé car il permettait de dissimuler les formes ; ou d’un seroual chelka, jupe-pantalon fendue des deux côtés et cousue en bas que l’on retrouve souvent aujourd’hui.

Depuis son apparition, le karakou traditionnel n’a cessé d’évoluer.

Au XVIIe siècle, le bas de la tenue s’arrêtait au mollet et était agrémenté d’une ceinture en soie, tandis que la veste avait une coupe longue et cintrée et des manches courtes et bouffantes et était de couleur grenat et exclusivement en velours ou en brocart.

Puis, progressivement, la longueur de la pièce a été corrigée pour s’arrêter à la hauteur des hanches et le décolleté fermé par un bouton au niveau de la poitrine. Ce n’est qu’au XXe siècle, que la coupe est devenue droite.

Tandis qu’après l’indépendance de l’Algérie, le karakou se portait avec des manches courtes et des motifs très variés tels que des fleurs, des papillons, ou encore des oiseaux ; à partir des années 80, on assiste à un retour vers le modèle classique avec des manches qui retrouvent de la longueur, et un habit évasé à partir de la taille.

De nos jours, l’appellation karakou tend à désigner uniquement la veste, qui se décline en velours ou en soie, alors que la broderie traditionnelle au fil d’or est désormais complétée par des perles ou des cristaux.

Comment le porter ?

Depuis son apparition, le karakou ne se porte pas seul et a toujours été accessoirisé.

Tout d’abord, il s’accompagnait traditionnellement d’une m’herma el ftoul qui est un foulard de soie ou de satin. Brodée et travaillée à la main, sa particularité réside dans ses fils pendants. Plus ils étaient longs, plus la m’herma était chère. Elle se portait nouée autour de la tête et épinglée aux cheveux.

Certaines femmes algéroises portaient également une toque en velours appelée chachia ou tarbouche qui était normalement destinée aux hommes, mais elles l’ont arboré dans un style plus raffiné, symbole de l’égalité entre les hommes et les femmes.

La tête de la mariée est également décorée d’un bijoux appelé Khit Errouh ainsi que d’un diadème appelé El’assaba, orné d’épingles trembleuses appelées Ra’achat.

Par ailleurs, le décolleté ayant disparu, les perles que les femmes portaient pour le dissimuler ont également été abandonnées, laissant place au Krafach Boulahya, un autre bijou ancestral.

Aussi, les jambes de la femme sont mises en valeur par el Khelkhal, un bijou de cheville rendu visible car le seroual est relativement court ainsi que des babouches pointues remplacées aujourd’hui par des chaussures fermées à talons.

Et toi ? As-tu porté un karakou à ton mariage ou rêves tu d’en porter un ? Raconte nous tout !